Le
château et la seigneurie de Montbrun
D’après
M. Henri Ménard, historien de Montesquieu-Volvestre qui s’est
penché sur les archives de Montbrun, le nom « Mont brun »
ferait référence à la couleurs brune des sapins de la forêt
communale. Pour d’autres, le nom viendrait d’un certain Bruno,
simple soldat de la période romaine ou franque, à qui on a attribué
des terres ou qui s’en est emparé, sur lesquelles vivaient des
communautés de paysans. Un semblant de « château » en
bois se serait élevé sur la pente ouest de la butte et une
palissade dressée au bas, près du ruisseau, à l’endroit que l’on
appelle encore le « pleich » aurait servi de défense,
pour les gens et le bétail, contre d’éventuels brigands. D’où
le nom Mont de Bruno, « Montebruno » dans le langage du
pays. Il ne reste aucune trace de cet habitat, excepté dans les
noms.
En
1229 le castel de Montebruno fait partie de l’hommage de Roger de
Franco de Casali au comte de Foix, Roger Bernard II. Montbrun est
cité également dans le dénombrement des possessions du Comte de
Foix en 1263 : Dénombrement
et aveu des terres, châteaux, villages, etc, que le comte de Foix
tenait en fief du Roi de France. (Anno 1263)
« Item, castrum de
Montebruno
; et villarium de Castelono, et nemora de Argan ; et castra de
Camarada et de Montefano. »
Après
les invasions sanglantes des Sarrazins, aux 8e et 9e siècles, la
religion chrétienne s’est implantée dans notre petite région
montagneuse sous l’influence des monastères, en particulier, ici,
de celui des bénédictins du Mas d’Azil. Sous l’impulsion des
moines défricheurs, de nombreux "casals"
(exploitations agricoles) étaient
implantés à la Rivière de Paris déjà au 12e
siècle. qui dépendaient du monastère du Mas
d'Azil et aussi, en partie, des religieuses
de Sainte-Croix. Certaines de ces communautés étaient regroupées
autour de chapelles champêtres dont M. Ménard a retrouvé les
traces en consultant les archives communales : Saint Martin de
Mounias ou de Saint Michel, située à l'est de la ferme de Maougnas
où le livre terrier de 1617 signale le "camp de la
gleise de Maougnas, confrontant le ruisseau de Paris."
Elle est mentionnée également dans le cartulaire du Mas d’Azil.
(Abbé
Cau Durban – Abbaye du Mas d’Azil – Foix 1887 - p15)
A
la même époque, ou un peu plus tard, existait aussi
l'église Saint-Hilaire ou Saint-Alary qui fut probablement
l'église matrice du lieu. Une tradition, recueillie
par Monsieur Adoue, instituteur en 1885, assurait
que le village primitif aurait été établi
à "Las Islos" donc à proximité immédiate
de Saint-Hilaire. Cette église s'élevait dans l'angle
nord-ouest du cimetière où l'on distingue
encore la trace de ses fondations. Ses dimensions
étaient de 7 canes de long sur 4 de large. L'abside était
voûtée en cul de four et le sol pavé de pierres de
taille. L'évêque qui relève ces caractéristiques
lors de ses visites de 1624 et de 1725, remarque
aussi sur la porte des lettres très anciennes
qu'il ne peut déchiffrer. On y disait alors la messe
chaque dimanche. Elle fut peu à peu abandonnée,
ruinée puis rasée. En 1752, l'évêque qui la
visite la situe à 1000 pas du village, près du
cimetière et indique qu' "elle est
entourée d'un fossé avec un pont à chaque
bout".
L’église
Saint Pey de Tessens figure en 1247 dans l’énumération des
possessions de l’abbaye du Mas d’Azil. Située sans doute à
Gamas, au lieu de Tessens indiqué dans le dénombrement de 1272 du
comté de Foix. En tout cas une église existait bien là autrefois.
Le livre terrier de 1617 indique que Bertrande Malhet possède une
terre à Gamas derrière l’église, confrontant cette église et le
chemin public..
La
chapelle de Montaut paraît fort ancienne. Construite près d’une
source, peut – être vestige d’un celte païen et qui devint
alors miraculeuse, La construction primitive ayant disparu elle fut
sans doute réédifiée par les Villemur qui étaient également
seigneurs de Montaut. L’évêque qui la visite au XVIIe s. rend
compte de ses dimensions 10 canes de long sur 4 de large. Son abside
est voûtée en cul de four et elle est bien pavée. Elle est
magnifiquement ornée. L'autel est en bas-relief avec des colonnes.
Sur le milieu trône une statue de la Vierge avec l'enfant, filetée
d'or, devant un retable également doré. Chaque année, à la fête
de l'Assomption, on y venait en procession depuis l'église
paroissiale. Une fontaine limpide et abondante y rafraîchissait
les pèlerins. Au siècle dernier, le curé Anjalbert, conservant
l'abside, transforma la nef en basilique moderne pour accueillir les
fidèles qui s'y pressaient. La clé de voûte d'une porte,
datée du 31 mars 1744, rappelle les travaux de ses prédécesseurs.
(Livre
terrier de Montbrun 1617 - M. Ménard – Eglises perdues de l’ancien
diocèse de Rieux)
Ces
chapelles et les terres qui les entourent sont des possessions
privées, gérées par des propriétaires qui les ont fondées, qui
en assurent la protection et prélèvent des taxes. C’est le
système féodal. Quelques familles de propriétaires terriens sont
devenus des seigneurs : ils assurent l’organisation de la
société, la justice, la défense des paysans et, en échange,
perçoivent des taxes, les droits seigneuriaux. Mme Florence Guillot,
au cours d’une conférence sur « La seigneurie de
Montbrun », le 13 novembre 2010, nous a cité quelques noms de
ces familles. Nous avons vu, plus haut, Franco de Casali mais il y
avait aussi un certain Perioninus et Pérégrin de Savinhaco et
surtout Gerin d’Amploputeo et sa femme Anglésie de Montagut. Mme
Guillot nous a cité également les noms de notaires de Montbrun qui
ont signé des actes en 1244 et 1288, ce qui indique déjà à ce
moment, un habitat important.
Le
château de Montbrun existait probablement au 12e siècle mais le
village de Montbrun, tel que nous le connaissons, est né
probablement dans le courant du 13e siècle. Il regroupait, près du
château, des agriculteurs, des artisans, des commerçants qui
avaient quelques droits coutumiers et aussi des devoirs dont le plus
important était le paiement de redevances au seigneur. Ce n’était
peut-être pas le village primitif. Nous avons vu, plus haut, qu’une
légende, rapportée par M. Adoue, instituteur, dans sa monographie
du village en 1885, fait état d’un habitat situé à proximité de
la chapelle Saint Hilaire, au cimetière. M Ménard également, nous
dit : « Il
convient de citer, pour être aussi complet que possible. la
tradition qui place un vieux village et un cimetière à La
Baquère,
sur le mamelon, 200 mètres au nord de la croix de Rame. Au cours de
labours, nous a dit M. Delqué, on trouve encore quantité de
matériaux de construction. Le terrier de 1617 indique que “le
sieur Barinconet tient terre à Saint Etienne”
que les confronts indiqués situent en ce lieu. La présence sur le
proche périmètre des croix de Baraillas, de Pater, de Rame et de
Plagne. constitue un indice de cette possibilité. » (M.
Ménard – Notes sur Montbrun).
C’est
Gerin d’Amploputeo, au nom de sa femme Anglésie de Montagut, qui
mettra en écrit ces droits et ces devoirs, en octroyant, en 1280,
une charte de coutumes, complétée en 1283. Cette charte, dont une
copie de la même époque est conservée aux Archives départementales
du Gers à Auch, inventoriée sous le n° 13300 bis, nouveau fonds,
est écrite dans la langue parlée à Montbrun, village situé sur la
limite même du gascon et du languedocien. Elle nous apporte une
foule d’informations sur la vie du village, en particulier sur la
place accordée aux activités agricoles. Les habitants possèdent
des jardins, des vergers, des vignes, des champs, du bétail … qui
sont protégés contre les vols et les dégradations. Elle organise
les contraintes collectives comme le ban des vendanges, des moissons,
la fixation du montant des amendes (en monnaie de Toulouse), « le
franc usage des bois, de l’eau, des herbes », les
dimensions des rues, des immeubles ; Montbrun n’est pas
répertorié comme une bastide mais son tracé est aussi régulier
comme un lotissement actuel. Enfin le seigneur nomme son bayle et
quatre consuls, renouvelés chaque année, pour l’exécution de la
loi seigneuriale. Si la grande propriété appartient au seigneur,
les villageois, qui vivent à l’intérieur des murs, ont des droits
codifiés dans ce document.
Pendant
longtemps le territoire de Montbrun, avec les Montagut et les Lévis,
a été sous l’influence, tantôt des comtes de Comminges, tantôt
des comtes de Foix, ce qui explique peut-être, les hommages rendus
ou retirés aux suzerains. Vers la fin du 13e siècle la
seigneurie appartenait à Anglésie de
Montagut, fille de feu B. de Montagut. Elle avait épousé Gérin
d'Amploputeo écuyer.
En
1295, ellerendit
hommage au comte de Foix pour le château et le village de Montbrun.
Elle épousa,
en secondes noces (1290), Thibaud de Lévis (premier Thibaud de la
branche montbrunaise des Lévis) deuxième fils de Guy III de Lévis
et d’Isabelle de Marly, à qui elle apporta la seigneurie de
Montbrun (pièce 8°392 - Archives départementales de la Haute
Garonne) etlui
donna trois enfants : Thibaud II, baron de Montbrun - Gaillarde, dame
de Montagu épousa Guillaume de Narbonne - Anglésie épousa Pierre,
seigneur de Bueil. Thibaud 1er mourût en 1309 et un peu plus tard
son épouse transporta au roi, Philippe IV le Bel, contre récompense
toutes ses possessions de Montagut et autres places. En 1315 elle
désavoua les hommages rendus au comte de Foix et prétendit relever
du Comte de Toulouse depuis cent ans.
Thibaud
II de Lévis, baron de Montbrun, de Lapenne et de Saint Benoît, fut,
jusqu’en 1316, sous la tutelle de son oncle Pierre de Lévis,
évêque de Cambrai ; Pierre, au nom de son neveu, fait en 1316,
serment de fidélité au roi Philippe le Long. En 1343, le roi
Philippe VI, le récompense pour service des guerres de
Gascogne ; il servit encore, avec 23 écuyers et 48 sergents
dans ces guerres de Gascogne entre 1350 et 1351 et il eut pour la
garde de ses places du 18 février 1359 au 17 avril 1360, un
chevalier, 28 écuyers, 50 sergents. Il mourut le 30 mai 1387 ayant
institué pour héritier son petit-fils.
Entre
1321 et 1340, il eut plusieurs différents avec le comte de Foix au
sujet de la seigneurie de Montbrun mais finalement Gaston II de Foix,
se désista en sa faveur et Thibaud, toujours fidèle au comte, est
désigné comme l’un des tuteurs de son fils, Gaston Fébus.
Thibaud II avait épousé Séguine de Comminges, fille d’Arnaud
d’Espagne, seigneur de Montespan, et petite fille d’Arnaud,
vicomte de Comminges et de Philippa de Foix. Ils n’eurent qu’une
fille, Cécile. Les anciens du village racontaient encore, il y a une
cinquantaine d’années, « qu’un puissant seigneur du
voisinage qui en était épris, venait la voir en cachette, entrant
au château par une porte dérobée » Je pensais que ce n’était
qu’une légende, mais le fait est exact. Cécile fut enlevée par
Charles d’Espagne, son parent, lequel l’épousa après s’être
emparé du château de Montbrun et en avoir chassé son beau-père en
1374. De ce mariage naquirent deux enfants, Thibaud et Bertand
d’Espagne, qui furent légitimés en 1379. Seul Thibaud survécut
et ayant été institué pour héritier par son grand père, il
devint, à quinze ans, seigneur de Montbrun, sous le nom de Thibaud
de Lévis, troisième du nom. Enfin, en 1379, le duc d'Anjou,
gouverneur du Languedoc, accorda des lettres de rémission à Charles
d'Espagne pour le mettre à l'abri de toutes poursuites, en raison
des services éminents rendus à la couronne par les prédécesseurs
de Charles et de Cécile. (Histoire généalogique et chronologique –
Les barons de Montbrun – Père Anselme et Dictionnaire biographique
et généalogique des Ariégeois - Adelin Moulis - Lacour Rediviva et
Histoire générale du Languedoc, tome X)
De sa
femme, Marguerite, Thibaud III eut trois filles, Gabrielle, Eléonore
et Jeanne. Le 18
décembre 1447 il faisait donation à sa fille Gabrielle des
seigneuries de Montbrun, de Lescure et de Montastruc. Gabrielle avait
épousé Pons de Villemur à une date proche du 4 août 1424, date à
laquelle elle quittançait la remise de sa dot. Cependant, la sœur
de Gabrielle, Jeanne, épouse de Raymond Roger de Comminges,
contestait cette donation et intentait, dès 1449, un procès à sa
sœur. Ceci avait pour effet en 1454 de faire retirer à Pons de
Villemur sa juridiction sur la seigneurie de Montbrun et de la placer
sous la main du roi. C'est seulement le 18 avril 1460 qu'un arrêt du
Parlement de Paris accordait un quart des revenus des seigneuries de
Montbrun, Montastruc et Lescure, aux Comminges qui passaient un
accord avec Pons de Villemur le 29 juillet 1462. Les négociations
n'en continuaient pas moins si bien qu'en 1478 le fils aîné de
Pons, Gaspard II de Villemur était dit seigneur unique de Montbrun
et le fils de Raymond Roger de Comminges, Aymeric Roger, était dit
seigneur de Montastruc.
La
maison de Villemur de Pailhès posséda jusqu'en 1446 la vicomté de
Villemur, une des plus anciennes du comté de Toulouse selon Chérin.
Elle remontait sa filiation prouvée, d'après celui-ci, à Arnaud de
Villemur qui épousa, en 1203, Isabeau de Narbonne et en eut Raymond
Ch. croisé, marié en 1237 à Jeanne de Lévis Mirepoix. Leur 5e
descendant, Pons, Sénéchal, gouverneur de Foix, épousa, en 1424,
Gabrielle d'Espagne et en eut Gaspard, allié à demoiselle de
Mauléon(1468), puis le 7 juin 1478 à Marguerite de Faudoas, enfin à
Rose d'Armagnac le 16 décembre 1498.
C'est
en 1478 également que Sicard de Lapasse, qui fera souche à
Montbrun, ayant acquis par son mariage avec Catherine de Cazalets, un
fief à Montbrun, rendit hommage le 10 juin, par acte reçu par
Graba, notaire du Carla, à noble Gaspard de Villemur, seigneur de
Montbrun, Saint Pol et Pailhès.
Mariage,
le 1er mai 1506, avec dispense, car ils étaient cousins issus de
germains, de Jean de Villemur (né en 1479), fils de Gaspard avec
Anne de Comminges, fille d'Aymeric Roger qui apportait la seigneurie
de Montastruc tandis que Jean recevait de son père les seigneuries
de Montbrun et de Lescure qui lui étaient remises en compensation de
ses droits sur les biens de Gabrielle d'Espagne son aïeule.
Mariage
de Catherine de Villemur (contrat du 4 novembre 1509), fille de
Gaspard et de Rose d’Armagnac, avec Jean de Foix seigneur de Rabat.
En 1526, le 23 mai, Rose d’Armagnac lèguera 2 écus à son
petit-fils, Paul, né de cette union.
L’église
du village, dédiée à Saint Jean Baptiste, dépendait de l’abbaye
du Mas d’Azil. Un procès opposait depuis 1503, Gaspard de Villemur
et l'abbé commendataire Arnaud II de Labarthe. Le bouillant Gaspard
voulait empêcher l'abbé de recueillir les dîmes de Montbrun
"auxquelles il avait droit depuis un temps immémorial". Un
arrêt du Parlement de Toulouse rétablissant l'abbé dans ses droits
est publié devant l'église le 9 décembre 1510. (Abbaye du Mas
d'Azil. Abbé Cau-Durban p.26-Cité aussi par A. de Gaulejac)
Durant
les XVe et XVIe siècle la famille de Villemur régna sur
la seigneurie de Montbrun et transforma le château fort en
construisant un corps de logis dont il reste quelques traces. Gaspard
étant décédé en 1516, son fils Jean lui succéda.
C'est
très vraisemblablement Jean de Villemur qui commanda les fresques
que nous admirons aujourd'hui puisque les experts les datent de
1515/1520 ce qui correspond à peu près à la date de la mort de son
père et à la plénitude de sa puissance seigneuriale. Ce n’est
sans doute pas une œuvre commandée par Gaspard qui ne semble pas
avoir été particulièrement attaché à Montbrun qu'il avait donné
à sa troisième épouse, Rose d'Armagnac dans son contrat demariage,
pour en jouir après sa mort, sa vie durant. Il n'y résidait
d'ailleurs pas puisque depuis le 20 janvier 1510 il était Sénéchal
de Foix et depuis le 15 février 1510, capitaine du château de Foix.
Après sa mort son épouse, Rose d'Armagnac, bien que seigneuresse de
Montbrun, résidait au château de Bonnac d'où son beau-fils la
chassait en 1518. (M. GINESTY Président de l'Association des
vieilles maisons de France (Ariège). Visite de Montbrun le 24 août
1990).
François,
fils de Jean de Villemur et d'Anne de Comminges, ne paraît pas,
contrairement à ses prédécesseurs, avoir eu une vie très
mouvementée. Il n'était en possession d'ailleurs que de la moitié
de la seigneurie de Montbrun, l'autre moitié ayant été attribuée,
en 1532, lors de la succession de Gaspard, à son oncle, Jacques,
fondateur de la branche des Villemur-Pailhès.
Jacques de Villemur, baron de
Pailhès et de Saint Paul de Jarrat, au comté de Foix, gouverneur de
ce comté après son père Gaspard, par commission du 25 janvier
1566, fut remplacé par son fils Blaise le 21 janvier 1583. Celui-ci
céda peu après la place au protestant d’Audoin mais quoique bon
catholique comme son père et son grand-père, il resta toujours
fidèle au roi de Navarre, son suzerain. (futur Henri IV)
Bertrand fils aîné de
François fut le dernier descendant mâle de la
famille. Il fut blessé en 1570, pendant les guerres de
religion entre catholiques et protestants, d'un coup d'arquebuse
à la cuisse, au siège du Carla et mourut des suites de sa
blessure peu de temps après, la même année. Il fut
enterré à Montbrun (Note de M. Ginesty, Président de
l’Association des Vieilles Maisons françaises de l’Ariège-) En
signe de deuil, une bande noire armoriée aux armes de la famille
Villemur, une litre funéraire, a été peinte sur les fresques, à
l'intérieur, tout autour de l'église.
On appelait "Droit de
litre" un privilège qu'avait le seigneur, patron et seigneur
haut justicier dans les églises, et qui consistait au moment des
deuils, à faire peindre les écussons de ses Armes sur une bande
noire de velours autour de l'église. Souvent ces ceintures funèbres
étaient peintes à fresque sur les murs et subsistaient même en
dehors des périodes de deuil. (Extrait de "Montastruc la
Conseillère et ses environs" Paul Mercadal Imprimerie du Sud
1973 Toulouse)
Bertand
de Villemur fit sa soeur Briette héritière universelle de tous ses
biens. Elle avait épousé Jean de Comminges et fit tout ce qu'elle
put pour se débarrasser de son mari et de son beau-père en les
empoisonnant. Sur la fin de sa vie, après avoir été bannie du
royaume et condamnée à avoir la tête tranchée place Saint
Georges, à Toulouse, elle rentra à Montbrun. Elle y mourut en 1571
laissant Montbrun à Georges de Foix, seigneur de la Gardiolle.
Georges
ne put conserver ce patrimoine puisque, après un procès intenté
auprès du Parlement de Paris par les filles de François de
Villemur, sœurs de Bertrand et de Briette, contre ses prétentions
et celles des sieurs de Pailhès et de Négrepelisse, celles-ci
voyaient leurs requêtes satisfaites et passaient entre-elles le 15
août 1587, une transaction attribuant à Anne de Villemur, épouse
de Jean de Saint Lary seigneur de Bellegarde, sœur de Bertrand et de
Briette, la terre de Montbrun. Elle faisait d'ailleurs donation de
tous ses biens dans le château de Montbrun le 2 novembre 1587.
Georges de Foix refusa toujours d'admettre le jugement de 1587. Il
rappelle qu'il était l'héritier de Briette, mais "qu'il n'a
pas voulu faire appel étant donné l'amitié que le roi notre
souverain (Henri IV) porte au dit Grand Ecuyer (Roger de Bellegarde,
fils d'Anne) et de la faveur qu'il a à la Cour".
Au
sujet du duc de Bellegarde, il faut noter que la plus grosse cloche
de l'église de Montbrun d’un diamètre de 91 cm et d’un poids de
450kg porte l'inscription suivante:
IHS
AUTEM TRANSIENS PER ME DIUM ILLOROM IBAT
NOBLE
ANNE DE VILLEMUR MARAINE AVEC SON FILS ROGIER
FRANCE
GRAND ESCUIER 1594
La
sœur de Roger avait épousé, en secondes noces, Antoine-Arnaud de
Pardaillan, seigneur de Gondrin, marquis d’Antin et de Montespan,
chevalier des ordres du roi ; c’est le chevalier de Pardaillan
des romans de Zévaco. (Jacques Bourgeat-Courrier des chercheurs et
des curieux-Miroir de l’histoire n° 37, février 1953)
En
1639, Monsieur le Grand, le duc de Bellegarde, pair et grand écuyer
de France, cède sa charge au marquis de Cinq Mars, favori de Louis
XIII, qui prête serment le 15 novembre . Le marquis de Cinq Mars
sera décapité en septembre 1642.
En
1667 le
château est en fort piteux état. Monsieur de Froidour,
envoyé dans les Pyrénées par Louis XIV pour mettre de l’ordre
dans les forêts royales, s’arrête à Montbrun, parce que
souffrant, du 23 au 26 août. Il y remarque les restes du
château primitif sous la forme d’une tour carrée
renfermant l'escalier et défendue par
des meurtrières et d’un méchant corps de logis auquel
on accède par un perron tout brisé. Auprès de ces vestiges,
le nouveau château n'est qu'un corps de logis avec
une petite cour fort étroite. Il n'a plus rien de redoutable
et est très délabré. Il appartient à la
famille De Bellegarde de Gondrin.
Dans
les délibérations des consuls de Montbrun, aux 17 et 18e siècles,
Montbrun est situé dans le comté de Comminges, châtellenie de
Saint Julien, mais dans le diocèse de Rieux. On trouve aussi mention
des barons successifs de Montbrun.
Voici
quelques extraits de ces archives :
Les
derniers jours de
1662,
les noms de huit
habitants, choisis parmi les notables (prud’hommes), parmi lesquels
seront désignés quatre nouveaux consuls, sont soumis “à
l’approbation de Monsieur le duc de Bellegarde, seigneur et baron
de la présente ville ou en son absence à Monsieur Cani, son
intendant.”
7
septembre 1687 :
Suivant
les édits du roi et ordonnances de Monseigneur l’Intendant on doit
procéder le premier dimanche de septembre à la nomination
consulaire.
1ère
élection : Jean Faurous, bourgeois, Pey Soulle, fils de Jean, Pierre
Ulhet de la Sicaude et Mathaly Prévot.
2
e élection : Arnaud Soulle, Raymond Mailhac, Charles Massip jeune,
Jean Bouchet.
L’assemblée
approuve les nominations qui seront présentées “ suivant les
coustumes à l’agent de feu Monseigneur de Bellegarde ou à Madame
notre seigneuresse ou à celui qui d’elle aura ordre pour en faire
le choix “.
7
septembre 1698 :
Proposition
des consuls de 1699 à “Mme la duchesse de Bellegarde Seigneuresse
du présent lieu”
...
septembre 1734 :
Dans
le verbal et prestation de serment des consuls de l’année 1735, on
cite Monsieur Damien, écuyer, seigneur et baron de Montbrun “ fait
dans nostre château seigneurial de Montbrun, le 28 9bre 1734 ( 28
novembre 1734 ), Damien signé au dit verbal lequel luy a été remy.
“
7
juillet 1735 :
On
trouve encore “ Monsieur Damien, seigneur et baron du présent lieu
“
1er
septembre 1740 :
Le
choix des consuls est proposé à Me Jean Laurent Delage, docteur,
avocat en parlement, juge du présent lieu, suivant le pouvoir qu’il
a dit avoir de Messieurs les héritiers de feu noble Claude Damien,
seigneur et baron de Montbrun et Mérigon.
6
octobre 1743 :
On
cite “ Messire Guillaume Damien, seigneur et baron de Montbrun. “.
20
septembre 1750 :
Monsieur
de Courdurier, Seigneur et Baron du présent lieu, doit venir
incessamment dans son château. Monsieur Delage, Docteur, avocat au
Parlement, juge de Montbrun, est nommé “ pour arranguer Monsieur
le Baron de la part de la communauté et luy témoigner le respect et
la joye qu’elle a de recevoir un seigneur d’un mérite tel que
celuy de Monseigneur Baron “
30
septembre 1753 :
“ Auxquels
a été proposé par les dits sieurs consuls qu’il leur est revenu
que Monsieur de Courdurier seigneur et Baron du dit Montbrun doibe
arriver dans son château avec Madame son épouze et comme il
convient à la communauté de faire la réception à un si digne
seigneur et digne seigneuresse autant bien qu’il sera possible à
la présente communauté sur quoi les sieurs consuls requièrent
l’assemblée de deliberer pour prendre les arrangements des plus
propres pour faire la susdite réception.”
Messieurs
les consuls avec leur “ livraye “ accompagnés des conseillers
qu’il leur sera possible d’assembler, iront à l’extrémité de
la communauté dans la présente juridiction pour y recevoir avec
respect Monsieur le Baron et Madame la Baronne, leur présenter les
clefs de la ville avec toutes les cérémonies en ce requises. Les
consuls ont pouvoir de commander “ la jeunesse qui sera le mieux en
état de se présenter, de se rendre dans la ville mercredi prochain
à huit heures du matin avec chacun son fuzil, laquelle jeunesse sera
rangée et commandée par le sieur Monfort ancien guerrier (sic) qui
aura soing qu’il n’y ayt point d’escandale. “ On achètera
quatre livres de poudre.
21
septembre 1755 :
Choix
des consuls pour l’année 1756 : proposition envoyée à Messire
Jean Baptiste de Courdurier, seigneur et baron de Montbrun et
Mérigon.
17
janvier 1762 :
On
apprend le décès, à Toulouse, de Mme de Courdurier Dame, Baronne
et Seigneuresse de Montbrun.
Le
syndic, Jean Louis Delage doit voir M. le Curé ( M. Marsolies ) pour
faire un service pour le repos de son âme.
1er
jour et dimanche de septembre 1765 :
Nomination
des consuls pour l’année 1766 présentée à Monseigneur Jean
Baptiste de Courdurier, seigneur baron de Montbrun : Pierre Monereau,
François Bergé, Gilles Bariolet, Jean Bergé première nomination ;
François Grillon Michelet, Paul Faurous, Jean Coutanceau, Ruchés,
Jean Pierre Bouin seconde nomination
Au
moment de la Révolution Jean de Courdurier est dit seigneur de
Montbrun.
Dans
une réunion de la fabrique en 1836 on parle de dame Rose de Lasserre
veuve du Courdurier, et son fils Gustave comme détentrice des biens
de la dame de Gondrin
On ne
sait pas dans quelles circonstances ce château devint la propriété
de la famille de Lapasse, qui le remit en état au début du 19e
siècle. Il devint ensuite la propriété de la famille Miramont,
monsieur Louis Miramont,
né à Montbrun, le 1er juillet 1807, notaire royal à Labastide de
Besplas, marié le 24 février 1835 à Montbrun, avec Lisette Emilie
de Lapasse, née à Montbrun le 27 septembre 1810, fille de Jean
Bertrand et Anne Bouche avec lesquels elle est logée au château.
Elle était la sœur de Pauline de Lapasse, sans descendance, décédée
au château de Montbrun, le 19 août 1872..
En 1885,
M. Adoue, instituteur à Montbrun, note dans sa monographie que « les
trois-quarts de cette construction sont intacts ; le quart manquant a
été démoli à dessein par M. de Lapasse, alors propriétaire du
manoir. Le rez-de-chaussée de la partie conservée offre une demeure
somptueuse. Au deuxième étage, dans la chambre de la tour
occidentale, se trouve intact le lit du seigneur. Les quatre colonnes
qui servent de pieds, montent, en s'arc-boutant, de façon à former
un beau ciel. »
1918.
Le château a été abandonné au lendemain de la Grande Guerre et
est tombé en ruines, ruines imposantes encore qui constituent un
témoignage de la richesse et de la puissance des seigneurs de
Montbrun.

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